Arts & Poésie - Feddal Salima

L'Ultime Etreinte

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Photo prise© Porquerolles - 2017

L'Ultime Etreinte est mon second recueil de poèmes.


Source inépuisable

Dans les montagnes sereines et majestueuses,

Sur les arbres aux branches fructueuses et généreuses,

À l’ombre du chêne et de l’olivier centenaires,

Sur le fil des cours d’eau

Ces témoins de l’histoire,

Charriant les souvenirs de notre mémoire,

J’entends les murmures des secrets de l’humanité.

Face à l’éphémère et à la fragilité,

L’humain dans son immaturité

Fait preuve d’inconséquence et de vanité.

Mais, inébranlable source inépuisable,

L’Amour Divin, guide précieux

Empli de bonté et de générosité,

Se fait ressentir dans la clarté de la Vérité.

Sur le chemin des destinées,

Il est l’infatigable source infinie d’espoir

Pour ceux qui traversent les dures épreuves

Qu’il croise des aurores au soir.

Il rayonne à travers leurs sourire,

Il habille leur visage de lumière

Et les guide vers la Paix

À chacun de leurs soupirs.

 

L’ultime étreinte – © Salima Feddal

14 juillet 2023

 

Source inepuisable arabe


 

 

 

Koukouna 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Koukouna

Affectueusement, il te portait dans ses bras,

En t’appelant Koukouna.

Sans le regard attendri

De ce papa tant chéri,

Il a fallu gérer les turbulences

De l’adolescence.

À la vitesse de l’éclair,

Il a fallu franchir les étapes

Pour devenir l’adulte Salima.

Et tant pis si les habits, qui pesaient

Sur tes frêles épaules,

Étaient trop grands.

Une seule idée en ligne de mire,

Avancer, avancer, avancer…

Des portes se sont fermées,

Des horizons se sont douloureusement éloignés,

Dans tes doutes tu as trébuché,

Dans ta quête tu t’es égarée.

Koukouna n’a jamais été loin,

Elle a porté tes peines,

Elle a su retenir ses propres larmes,

Elle a été ta boussole,

Ton hymne éternel,

Ta lumière silencieuse.

Maintenant, je sais

C’est bien toi Koukouna

Qui accueillait les âmes

Qui traversaient ma vie.

De la joie, de l’affection,

De la déception, beaucoup de peine

Tu as eues,

Mais jamais de regret ni de haine.

Koukouna le moment est venu

Pour te dire : viens

Assieds-toi à côté de moi.

Et tiens, regarde,

Je vais te porter dans mes bras,

Je veux t’écouter

Quand tu pleures,

Quand tu as peur

Des fantômes et de l’obscurité,

Quand tu t’enthousiasmes

Devant la métamorphose

De la fleur et du papillon,

Et quand tu fredonnes

L’hymne de l’oiseau et de son envol.

 

13 septembre 2022   Feddal Salima© L’ultime Etreinte

 

 

Koukouna

Affectionately, he carried you in his arms,

By calling you Koukouna.

Without the tender gaze

Of this very dear father,

You had to manage the turbulence

From adolescence.

At the speed of lightning,

You had to go through the stages,

Leading to the adult Salima.

And too bad if the clothes, which weighed

On your frail shoulders,

Were too big.

A single idea in mind,

Forward, forward, forward...

Doors have closed,

Horizons are painfully distant,

In your doubts you stumbled,

In your quest you have lost your way.

Koukouna was never far away,

She carried your sorrows,

She was able to hold back her own tears,

She was your compass

Your eternal anthem,

Your silent light.

Now I know

It's you Koukouna who welcomed souls

Who ran through my life.

Joy, love,

Disappointment, a lot of pain you had,

But never regret or hate.

Koukouna, the time has come

To tell you: come

Sit next to me.

And look, look,

I will carry you in my arms,

I want to listen to you

When you cry

When you are afraid ghosts and darkness,

When you get excited

Before the metamorphosis

Of the flower and the butterfly,

And when you hum

The hymn of the bird and its flight.

 

September 13, 2022 Feddal Salima© The Ultimate Embrace


A mes frères solitaires,

Il fait nuit les jours sans musique,

L’obscurité a dévoré les derniers coins de lumière féérique.

Ils sont venus chercher des cœurs vastes comme le ciel,

Ils découvrent le naufrage des dernières espérances

Saccagées, englouties dans les abysses

Du sablier des temps solitaires.


Ame de mon âme

Cœur de mon cœur, je viens te dire la longue attente

Du jour où je t’ai sentie te blottir dans les confins de mes entrailles.

Ame de mon âme, la chair qui était prête à t’accueillir

Vibre à tes moindres soubresauts.

Comme tu as su déjà apporter à mes jours

La beauté de la plénitude rebelle à tout instant de grisaille !

Chair de ma chair, je te sens liée à moi,

Mais ô combien c’est moi qui m’accroche à toi ;

Toi qui sais si bien prolonger le regard de ma fibre

A travers les temps futurs.

Source de ma source, il me tarde de te sentir jaillir

De moi à l’instant où s’écoule to cri de ma poitrine.

Il me tarde de te voir émerger

Du bouton printanier et fleurir devant

La luminosité d’un ciel en fête.

Que celui qui détient l’éternité des temps

Te fasse naître étoile parmi les étoiles,

Dans une onde harmonieuse de douceur et de sagesse.

Que celui qui détient la conscience universelle

De ce monde veille à la protection du berceau de ta vie.

Cœur de mon cœur, viens !

L’instant de notre rencontre est proche,

Viens, ô toi mon enfant !


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Photo prise par Feddal Salima©

Bourgeon de vie

A travers l’oubli de la vive douleur,

L’éphémère du cri de détresse,

S’évanouit devant le cri du bourgeon de vie

Qui surgit des confins de mes entrailles.

S’ouvre alors le livre d’une longue histoire

D’amour et de promesse, dont la première page

Secrète l’espérance de ces petites mains

S’agitant dans la mélodie lumineuse

D’un jour de printemps.


Confidences

Au pays de mes peines

Je contemple mes craintes

Entrainées par les jours brumeux.

Au pays de mes peines,

Je contemple mes mains tremblantes

Devant le dépouillement des éclats orageux.

Au pays de mes peines,

Je contemple la fragilité de mes rêves

Fragmentés par un quotidien

Aux couleurs délavées.

Mais,

Au pays de ces yeux d’innocence,

Je contemple la générosité de l’espérance

Rebelle aux détresses en errance.

Au pays de ces yeux d’innocence,

Je contemple la promesse d’un ciel

En abondance.

Au pays de ces yeux d’innocence,

Je contemple la prolongation

De mes élans en délivrance.

Et au creux de ces petites mains

Qui honorent mes jours,

Je saisis la confidence de l’évidence.


Délivrance

La vieillesse est le long naufrage sans survivants,

D’un corps fissuré, sans aspérité et sans âge,

Ayant affronté les dernières tempêtes,

Après des printemps envolés,

Et des automnes dont il ne subsiste

Que douleur, cicatrices et blessures.

Sans remord, ni larme, ni regret,

Le corps git telle une épave

Sans appui, abandonné

Sur le rivage de la vie.

Dans ce regard vitreux,

Dansent quelques balbutiements de souvenirs,

De rêves lointains et diaphanes

De cette bouche, qui n’est plus que déchirure

Sur la parole oubliée,

S’échappe un ultime soupir

De l’œuvre accomplie.

De ce vaisseau tari, sans confessions,

Délivrée, l’âme rejoint enfin

La lumière où dansent les âmes libérées,

Rythmées par la genèse de l’Eternité.


Digne patrie

Un enfant erre

Sur cette terre,

Où repose le cri blessé

De la mère.

Posez les armes,

Séchons les larmes,

Libérons les âmes

De la haine des flammes.

Il me tarde d’entendre

Les sourires immortels

Triompher sur le Pire ;

Comme

Il me tarde de retrouver

La générosité d’un soleil

Lové au coin d’un ciel en fête.

Alors que le reste a figé mon chant,

Dans tes bras,

Mon souffle engourdi

Retrouvera la mélodie de son élan.

Nous célébrerons la Vie,

Et nous enfanterons les couleurs

Qui sauront mieux Te dire

Toi digne Patrie,

Toi Algérie.


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Photo prise par Feddal Salima©

Du fond de ton enfance

Du fond de ton enfance,

Aussi loin que peuvent remonter les souvenirs sans avenir,

Tu as appris à loisir, à réprimer tout désir :

Malgré, deux belles rangées de dents faites pour orner ton sourire,

Tu as déshérité ta voix de son rire.

Afin de ne pas séduire, tu ordonnes à ce corps convoité

De devenir frêle, sans couleur, voire transparent.

A ce vent qui n’en fait qu’à sa tête, avant de sortir,

Tu lui ordonnes de ne pas s’amuser avec tes cheveux.

Quant à ce soleil, si présent, si mordant, si ardent et si pénétrant

Qui déshabille et qui met à nu,

Qu’à cela ne tienne, tu deviens une ombre

Tu te faufiles entres d’autres ombres,

Tu évites l’univers masculin avec toutes ces brasseries et tous ces cafés,

Univers si intrigant, si bruyant, si effrayant…

Tu cours presque,

Non, tu ne veux plus être une fille,

Non, tu ne veux pas être mignonne ni gentille,

Tu veux te laver de tous ces regards,

Tu veux fermer les oreilles, les yeux et ton âme,

Tu veux devenir un garçon

Non, pas un garçon manqué,

Tu veux extirper et bannir ce féminin si lourd, si encombrant

 Qui t’envahit et qui pousse en toi,

Tu cours ; tu rentres chez toi,

Du fond des souvenirs des nuits estivales,

Tu ouvres ta fenêtre,

Tu lèves la tête vers le ciel qui vient à toi,

Tout doucement, le chant des constellations et des étoiles filantes,

Pénètre ton âme asexuée.


Le henné

De Mésopotamie à Bénarès

Du Nil à la Méditerranée,

La feuille de henné

A vogué, a vogué

De rituel en rituel

D’offrande en offrande.

D’âge millénaire, la poudre tinctoriale

Eloigne les agressions démoniques

Et regards maléfiques.

El henna fortifie les premiers pas,

Scelle les alliances,

Cicatrise les plaies,

Dissipe sécheresse et rugosité

Pour enfin adoucir les cœurs.

De la feuille de ‘l’Arbre du Paradis’

Coule une essence aux odeurs

Vertes enivrantes.

Elle est de toutes les fêtes

Où s’érigent les youyous qui déchirent les cieux.

Elle est de toutes les séductions

Où les motifs chantent et festoient

Au rythme des effluves protectrices.

Rouge parure éphémère

Des cheveux, des pieds et des mains

De la belle qui étreint son destin

La nuit du henné.


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Photo prise par Feddal Salima©

Elle s’appelle patience

Sourire radieux gravé au cœur de l’espérance

Amour ineffable aux couleurs d’aurores

Beauté naissante au creux de la promesse

Rêve lumineux des voies lactées

Idylle chaleureuse de la fusion des cœurs

Nature innocente des jeux des étoiles

Ame transparente aux essences couleur de semences en mouvance.

SABRINA


Encore aujourd’hui…

Encore aujourd’hui, mes oreilles et mes yeux en éveil,

Jouant au papillon sans écueil et sans sommeil

Au pied de la fêlure de ton arbre,

Viennent déposer mon cœur et ses blessures.

Inutile est la plainte à l’homme,

Cette créature complexe et perverse

Qui navigue entre l’Ange et le Démon :

Il prend soin de l’histoire de ses richesses et de ses arcanes,

Et puis, use et abuse des faibles et des enfants.

Douce comme le miel peut-être la promesse de sa parole.

Sentiments outrageusement maquillés regorgent de farandoles

De trahisons et d’abandons.

Chaque jour, le vent emporte l’écho de ses lois et de sa foi,

Qu’il s’amuse à crier sur tous les toits,

Une foi criée sur tous les toits, est-ce une foi ? 

Encore aujourd’hui, je viens soigner mon cœur en peine,

Au pied du silence de la profusion de Tes beautés et de Ta bonté.

Et quand il arrive à mes oreilles et à mes yeux de s’assoupir,

A Toi, et Toi seul, je confie la clé de mon âme.


Endurance

Au rythme des jours qui s’estompent,

La douleur s’échappe des confins

Du souffle de la vie

Pour se cristalliser dans les limites de l’endurance.

Ainsi, à travers la cadence des spectres

Des temps et des espaces,

La souffrance humaine conduit

La plainte antique du

Sang qui s’évapore.


Germination

J’entends les larmes qui

S’évaporent à la surface des visages lointains.

Je scrute dans des cœurs meurtris

L’œuvre de la malchance des temps.

Et quand j’aperçois l’éclat des aurores dorées,

Je vois l’espérance qui germe au creux

Des mains patientes s’élancer pour rejoindre

Les joies extirpées de la fatalité des jours.


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Photo prise par Feddal Salima©

Les horizons aux multiples voyages 

Pourquoi blâmer une jeunesse acnéique, atypique et lymphatique,

Tantôt emblématique tantôt héroïque

Défiant l’impudique et le tragique

Jusqu’aux portes de la mort frénétique,

Et tournant le dos à la vieillesse larmoyante et nostalgique

Qui revient sur les rivages des souvenirs romantiques,

L’espace d’un instant ou d’une éternité,

Étreindre les horizons aux multiples voyages ?


Hybridation

Quand le visage porte la frénésie

Du fruit gorgé d’attente ;

Quand l’ardeur du regard balaye

La fragilité des dernières hésitations ;

Quand les lèvres s’imprègnent

De la douceur des mots susurrés ;

Libérés, alors les cœurs rythmeront

La cadence de l’embrasement

Des âmes hybridées

Jusqu’à l’ultime extase.


Hymne aux vies abrégées

Incrustés dans les entrailles du souvenir

Les appels des âmes envolées soupirent

Dans les nuits glaciales des années à fuir

Pour libérer les confidences à saisir.

A travers les incertitudes libérées

Au-delà des abysses du temps effronté

Des jambes désossées portent la Vérité

De l’appel ressuscité de l’Humanité.

Des voix chaleureuses se redressent en chœur

Pur honorer le message blanc du Bonheur

Extirpé à la corruption des mains qui meurent

Dans l’embrasement final des corps destructeurs.

Séduit, s’éveille alors le regard béni

D’un sourire transmis dans la calligraphie

Du souffle étoilé qui féconde les vies

Nourries de la sève céleste qui éblouit.

Drapées d’aurores de paix, dans l’éloquence

Du rêve, des arabesques d’espérances

Emergent de l’innocence en errance

Pour transcrire les hymnes de la semence.


Innocence

Dans la profondeur de ce regard,

Je contemple la magie du mot qui s’épanouit.

Dans l’agitation de ces petites mains,

Je lis la révérence de la promesse qui s’élève.

Et dans le creux de ce sourire naissant,

Je saisis pour un instant l’innocence

Des jeux de l’univers.


La fleur de lys

Assiégés, submergés jusqu’à la noyade,

De flots d’informations sans mémoire, sans âme,

Inutiles comme peuvent l’être des vieux mots désuets,

Feuilles mortes desséchées servant

D’humus aux arbres ressuscités,

Célérité de l’éclair prise dans le filet

Des marchands de faux bonheurs

En veux-tu, en voilà…

Afin de ne pas perdre le fil de ma vie

Je récapitule et je ressence mon contenu :

La demeure du corps,

L’abri du cœur,

Les filtres des lumières et des humeurs,

Sans oublier l’esprit,

Esprit es-tu là ?!

Je tâte mon matrimoine, mon ADN ancestral

Ouf, rassurée, la signature génétique est là.

Pas à pas, extirpé des destins ligotés,

Coincés dans les limbes de la clameur,

Des heures sans saveur,

L’esprit s’évade enfin…

Dans mon bagage ancestral, je conserve précieusement

Le goût du jasmin et de la fleur d’oranger,

Le sourire sans meurtrissures des jeunes filles anonymes,

Libéré du joug des phallus porteurs

De rêves avortés, naufragés,

De suicides et de malheurs obstinés…

Et aujourd’hui, en écoutant le frémissement

Des pétales défroissés de la fleur de lys,

Défiant et transgressant toutes les lois de la pesanteur,

Majestueuse, belle et odorante,

Elle se dresse dans toute sa splendeur.

Submergée d’émotion par le langage secret

De ce joyau qui illumine l’existence,

Peu à peu, il prend place dans mon bagage,

Aux côtés de toutes ces fleurs de lys ancestrales

Ces vieilles fêlures humaines sans odeurs, noueuses, voûtées

Parcheminées, à la féminité lacérée, malmenée,

Devenues fièrement asexuées,

De la tête aux pieds, tout de blanc vêtues,

Portant ainsi par anticipation, leur linceul.

Liberté chèrement acquise car requise,

Pour sortir et aller où bon leur semble,

Sans avoir à rendre compte

A la férocité délirante des cactus masculins.


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Photo prise par Feddal Salima©

La magie du mot

Il y a le mot qui féconde les pensées

Il y a le mot qui déterre le mensonge

Il y a le mot qui agonise dans l’oubli

Il y a le mot qui souille les mémoires

Il y a le mot qui ravive les désirs

Il y a le mot qui embrase le silence

Il y a le mot qui conduit l’existence

Il y a le mot qui apporte la transparence

Il y a le mot qui efface la malchance

Il y a le mot qui défie l’absence

Il y a le mot qui chavire dans son ignorance

Il y a le mot qui dissipe l’indifférence

Il y a le mot qui s’égrène en confidences

Il y a le mot qui tisse la beauté de l’évidence

Il y a le mot qui caresse les corps en effervescence

IL y a le mot qui rayonne les rêves en transhumance…

Et au seuil de l’innocence,

Dans un cortège d’odeurs et de couleurs en résurgence,

Vient se recueillir en silence

La magie du mot en délivrance,

La magie du mot qui ne se dit pas.


La maturité de l’enfance

Quand le ciel est trop bas,

Et que les jours s’assombrissent ;

Quand le corps chancelle 

Et que les mains frémissent ;

Quand la parole s’émousse,

Et se vide de sens,

Le regard errant, scrute dans les horizons

Un message, un signe…

Le cœur se gonflant de nostalgie et d’Amour,

Vient puiser des élans dans

L’intense luminosité, qui a drapé les jours de l’enfance.

Porteur de maturité, le visage s’imprègne

De la splendeur et de l’innocence des rêves de l’enfant

Que l’on porte en soi,

Que l’on conduit,

Qui pleure et qui console…

C’est ainsi que je viendrai m’échouer

Aux pieds du pays de mon enfance,

Telle la vague qui sur les rivages

Dépose son dernier soupir.


La nuit du Destin

Dans le cérémonial crépusculaire,

La nuit du Destin s’installe en

Psalmodiant les rêves ancestraux

Régénérés par le souffle des âmes nouvelles.

Sculptées dans la clarté des astres en fête,

Les émotions des cœurs se rejoignent

Pour se prosterner dans la prière qui

Fredonne l’éternité des lendemains.

Légué au sort des siècles,

L’ultime mot relate encore

Sa calligraphie dans le cœur de

L’ami de tous les temps.


La Révélation

Dans la dissipation des contraintes

Des derniers doutes,

Les âmes mises à nu perçoivent

Les splendeurs du mot

Qui rayonne à travers les temps.

C’est le mot du savoir,

C’est le mot de l’éveil,

C’est le mot de l’espoir

C’est le mot qui, au nom du Tout-Puissant

Invite nos cœurs frémissants

A lire les âmes en gestation,

A lire les pensées de l’Univers,

A lire les ombres en errance,

A lire les silences des vies qui sommeillent

Dans les entrailles du temps,

A lire le relais des sources enfouies,

A lire les cycles de la lumière.

C’est le mot qui saisit ce qui nous échappe,

C’est le mot qui apaise l’impatience,

C’est le mot qui invite le rêve

A emplir le creux de nos mains vides

Et qui dit : lis, lis, lis.

IKRA,IKRA IKRA


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Photo prise par Feddal Salima©

L’appel !

Maman, tu m’entends

Je suis dans la barque

Maman, pardonne-moi

Je suis parti sans te dire Au revoir

Je suis parti pour un Avenir meilleur

Ça y est, je vois l’autre bout de la terre

Je vois mon Avenir

Maman, pardonne-moi

La barque chavire

Maman, je me noie…


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Photo prise par Feddal Salima©

Le chemin

Il n’a pas d’yeux,

Il n’a pas d’oreilles,

Il les a créés pour les mortels.

Le chemin vers Lui

Est l’une de ses plus belles œuvres,

Il est à la fois

Le chemin le plus long,

Long comme l’infinie éternité,

Et le chemin le plus court

Court comme son souffle premier

S’engouffrant dans mon cœur naissant.


A l’appel du muezzin

Dans le frémissement des aubes

De mon enfance, je perçois

L’éveil des mains endormies.

Dans un élan frénétique,

Les cœurs déposent leurs espérances

Dans le berceau d’offrandes que

Les siècles ne cessent de couronner,

Telle la vierge parée

Qui va étreindre son destin.

Bercées par les chants de louanges,

Les mains s’ouvrent et s’élèvent,

S’élèvent…

Transportée par la limpidité

Des âmes sans fard,

Je dépose l’humilité de mon front

Dans une prière pour

Celui qui détient les pouvoirs de l’éternel.


Le flot des destinées

A quoi bon les lamentations,

Vaines attentes de consolations.

De l’humain, je refuse de partager quelques perverses passions,

Ni trouver refuge dans les ombres de ses amours

Narcissiques, impudiques et cyniques.

Souvent, me parvient le cri de la chair,

Souillée, lacérée sans pitié,

Devenue proie silencieuse de son vorace prédateur.

Je ne peux me résoudre à fermer oreilles,

Et détourner regard des immondices

Au bas de mon nez, accumulées.

De l’humain, je ne veux retenir que la beauté

De son Art, poétique, prolifique et mystique,

Qui conduit le chant de son étoile incrustée

De ses prières, de ses compassions et de ses angéliques exaltations.

A quoi bon les lamentations,

Vaines attentes de consolations.

Je longe les berges de la destinée

Et je contemple le Rhône rythmique et glacé

Emportant le flot de mes sanglots.


Le nid céleste

Vivre l’instant sublime de l’éphémère d’un rêve

Pour assouvir l’intensité du désir de prendre son élan

Au-dessus des cimes lointaines et mystérieuses.

Pour approcher l’extase de l’envol,

Qui se prolonge dans les chemins inconnus.

Ainsi dans un ultime abandon, le rêve glisse

Dans le temps pour dépasser

Les dernières contraintes de la matière.

Libérée de la mémoire, l’âme est éblouie par

L’écho du nid céleste où l’éternité de la lumière

Qui ne se dit pas est régénérée.


Le Relais

De corps en corps, avec ses mains alertes et avisées,

Elle parcourt, nettoie, panse et renforce les plaies fragiles.

Elle palpe et écoute le râle enfoui de la veine mobile.

Elle saisit les frissons du cœur qui se fait de la bile.

Délicatement, elle scrute les argiles intimidées et nubiles.

Elle redresse les nuques raides et pas volubiles.

Elle accueille la frénésie des embryons qui viennent de l’exil.

Elle récupère la sève du monde avec ses doigts agiles.

Elle accompagne le murmure des dernières confidences

Des mains agitées et abandonnées,

Des regards humides et oppressés,

Des haleines chargées de mémoires et de souvenirs.

Sans remords, ni amertumes à venir,

Elle guide les derniers pas jusqu’au seuil des immensités virginales

Dont elle ignore, codes, couleurs et symphonie.

Qu’elle est belle dans sa mission d’ange terrestre !

Qui comprend les vieux mots passeurs de relais.

Elle, la soignante.


Un rêve désertique

Le cri s’évanouit dans les étendues désertiques,

Que ponctuent les oscillations d’un temps paisible

Bercé par le jeu lancinant des vents

Qui filtrent les échos des dunes

Emportées au gré des légendes ressuscitées.

Et c’est au seuil de l’oasis régénérée par la

Générosité de son palmier que le temps

Distille le rêve qui revêt la couleur du

Défi du sable ancestral.


Le savon d’Alep

J’ai cherché le savon d’Alep

Je l’ai trouvé ça et là.

J’interroge :

Où est-ce qu’il est fabriqué

Puisque Alep et son laurier sont détruits ?

Les nuages ont emporté les mains fracassées

Et les mains survivantes disséminées

Dans tous les coins de ce monde en apnée

Où, désormais, se fabrique le savon d’Alep,

Mais plus sous le ciel bleu d’Alep.

J’entends, j’entends des murmures çà et là :

C’est un détail de l’histoire.

Fatigués, les nuages ont suspendu leurs larmes et leurs années.


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Photo prise par Feddal Salima©

L’écho bleu

Quand de tes mains enfin dépouillées,

Tombe la dernière empreinte d’égoïsme et d’ego,

Des lignes sans frontières s’élancent vers le bleu écho.

On y lit les rires du bonheur et les souvenirs de la douleur,

On y lit des belles présences volatilisées dans le silence de l’absence.

Où est donc ce bleu qui te tenait la main

Et qui t’ouvrait de paisibles horizons lointains ?

On y lit le cri du cœur fracassé, brisé, broyé,

On y lit alors la fragilité des équilibres

De cet entre parenthèses appelé la VIE.

La vie, cette équation aux multiples inconnues

Qui débute par un cri de naissance

Dû à l’appel d’air dans les entrailles vides,

Et qui s’achève dans le râle d’expiration du dernier souffle.

Dans l’entre parenthèses aux équilibres éphémères,

On joue la comédie de la vie,

Afin d’oublier la solitude de l’existence.


Les aurores immaculées

Suspendue au creux de l’absence,

Une larme figée contemple

La fragilité du rêve qui s’évapore.

Et,

Dans un ultime soupir

Sont emportées les années étiolées

Des cœurs embrasés.

C’est alors que

Des mains fissurées par l’impitoyable

Des jours sans lendemain

S’élèvent et sculptent dans les

Horizons lactés l’ultime prière

Des corps qui se constituent offrande

Aux aurores immaculées où

Les âmes éperdues viennent libérer

Leurs dernières contraintes.


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Photo prise par Feddal Salima©

Les plus belles œuvres d'Art !!

Quand je contemple Tes œuvres, moi l'amateur,
Et que leurs détails s'impriment dans mon cœur, 
Je réalise, moi humble observateur,
D'un instant visiteur,
Tous les présents qui n'ont pas d'âge
Et , qu'inlassablement, Tu sèmes sur notre passage,
Je réalise, Toute Ta pudeur et Tous Tes labeurs
Dans la flagrance de la mélodie de Tes splendeurs : 
Un peu de Tes vents, quelques rayons de Ton bienveillant soleil, 
Quelques flux et reflux, 
Sous le regard d'une lune assoupie,
Sans bruit, le miracle s'accomplit :
Des myriades et des myriades de formes et de créatures ont surgi .


L’Essence

Quand au sommet de tes sens, tu as la chance

De sentir Son Essence frôler le visage de ses paysages

Telle une onde bénie et féconde d’un ciel aux multiples mondes,

Réjouis-toi,

Ouvre tes bras et tous les pores de ton corps,

Laisse-la pénétrer,

Laisse-la s’enraciner au plus profond de ton cœur.

Ainsi paré d’une parcelle d’infini et d’éternité,

Tu marcheras avec moins de peine,

Sur la solitude de tes détresses et de tes chagrins.

S’allégera alors, le fardeau de l’absence, du vide et des souvenirs.

Peu à peu l’Essence imprime Sa douceur sur le paysage de ton visage.

Tu te surprends alors à t’épanouir dans le plus beau des sourires

Celui qui n’a plus peur de mourir.


L’exilée

Lavé au crépuscule des dernières pluies,

Le regard a cessé de défier les envies.

Elle plie le linge des litanies,

Elle ferme la porte de l’ennui.

De son sein tari,

Quelques mots jaillissent

Sans promesse de lendemains,

Bannis des jardins monochromes

Sans rire ni cri.

Des revers non repus de ses mains flétries,

Elle essuie ce bout d’accent

Des sources natives,

Collé à ses lèvres tel un talisman maudit.

Que de jours et de nuits

Nourris d’attentes et d’absences

Qui se momifient

Au creux des couleurs du pays de son enfance

Authentique message d’une vie.

Cessent les errances des décennies sans répit

Les oreilles chassent les bruits meurtris

Pour ressusciter les souvenirs enfouis dans l’oubli.

Elle retourne jouer sous le soleil béni,

Bercée par les chants blanchis

Des cigognes aux ailes gorgées de fruits.

Elle danse, sans interdit,

L’ivresse de ses rêveries,

Jusqu’à ce que le fil de la magie de la vie

Retrouve le berceau où les oiseaux exilés

Y déposent leur dernier soupir.


L’intime étreinte

Il parcourt les chemins escarpés de ses pensées,

Pour atteindre le cristal lumineux de la tendre sérénité.

Il saisit l’éclat des aurores aux couleurs d’or,

Pour ne pas sombrer dans l’obscur des labyrinthes d’illusions.

Et à la rencontre des mains aimantes, les impatientes vibrations

De son abstinence se mêlent au féminin

De la semence du sein lourd de promesses,

Dans l’intime étreinte des astres nocturnes.


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Photo prise par Feddal Salima©

Maître de lui même

Il passe et tout s’estompe et s’efface :

Le cours des eaux, les cimes des montagnes,

Les maisons, les visages, les paysages…

Quand tu cours après lui, il te fuit,

Quand tu le rattrapes, il t’échappe,

Tu t’arrêtes, il poursuit son chemin immuable,

Quand enfin tu le tiens, il te glisse entre les doigts.

Où s’engouffre-t-il, où demeure-t-il donc ?

Est-il enfoui dans le désert des espaces lointains,

Certains visibles, mesurables et saisissables ?

Il est lourd comme la douleur,

Il est léger comme la joie.

Il est long comme le chagrin,

Il est fugace comme le bonheur.

Il est transparent et coule comme de l’eau

Qui traverse nos contrées et les entrailles de nos ancêtres.

Tu luttes contre lui,

Il a toujours le dernier mot.

Tu t’assoupis, il blanchit tes cheveux restants,

Alourdit ton regard,

Creuse, déforme, sillonne de part en part

Ton corps relâché, abandonné

Au pied des lambeaux de ta vigilance.

Que reste-t-il des explosions printanières

Qui ont imbibé tes réjouissances colorées ?

Que reste-t-il des rouges coquelicots, des bleus azur et des vertes prairies ?

Peut-être t’accorderait-il le souvenir

D’un camaïeu de pastels s’estompant

Jusqu’à se confondre avec le gris

D’une vision monochrome ?

Il est son début, il est sa fin,

Il est né de nulle part,

Il est Maître de lui-même,

Il est le temps !

Qui est le Temps ?


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Photo prise par Feddal Salima©

Merci

Bercé par la tendresse des vents matinaux,

Ton soleil éclate de rire en jouant la symphonie

Des verts des branches feuillues

Gorgées d’offrandes, de fleurs et de fruits.

Enivrés de parfums imbibés de couleurs,

Les oiseaux, ces invités ailés qui connaissent les cieux

Et le chemin de leurs secrets

Atterrissent l’espace d’un temps, pour déposer

La métamorphose des fécondations de leurs jeux

Au sommet transparent de la latente passion de nos yeux.

J’aime toutes tes saisons et leurs mystères

L’extase habite mon cœur

Qui miraculeusement devient ailé

Au détour de chacun des jardins de Tes contrées

Où rivalise l’incessant défilé des eaux émeraudes et argent

Avec le ruissellement des ondes opalines et or.

Sous ce bleu azur de mon enfance,

Aux aurores pressées

D’annoncer des jours luisants de floraisons

Qui s’allongent et qui s’obstinent à ne pas tirer révérence,

Comment pourrais-je oublier mon premier émoi

Où je me suis interrogée pour la première fois ?

Quel est donc cet Artiste caché

Qui vient de déployer une explosion de palettes,

En déposant le blanc et le noir de ce couple de cigognes

Sur cette marée verte imbibée d’herbe

Que taquine, çà et là, le rouge dodelinant des coquelicots ?

Le mystère de l’essence de mon âme T’appartient

Pour l’écho de Ton chant qui déploie les ailes

Des hymnes qui poussent dans mon cœur

Et dans l’abondance de l’intelligence de Tes semences.

MERCI !


Pureté

Le pays de mon enfance a les couleurs sauvages

Des automnes qui savent endurer les vents du Sud.

Le pays de mon enfance a le ciel limpide

Des printemps non fardés

Le pays de mon enfance a le sage sourire

Des années emportées dans les souvenirs.

Le pays de mon enfance ne connait pas

Les frivolités des complaintes fragiles.

Le pays de mon enfance conduit ses jours

Au-delà des rides éphémères.

Aux crépuscules,

Le pays de mon enfance se drape

De pourpre, pour ne pas exhiber la pudeur de ses paysages.

Et aux aurores,

Le pays de mon enfance est empli de la pureté

De la patience des jours qui ne trichent pas.


Recommencement

Peu à peu le désir se dévêtît

Et se drape de la nudité

Des douceurs de la nuit.

Embrasées, les vies gorgées d’attente,

S’étreignent pour s’hybrider

A la mémoire des aurores immortelles

Où sont décryptés les messages de l’éternel.

Ainsi, à travers les caprices des âges

Les semences voguent en silence

En emportant l’écho du perpétuel recommencement.


Regard

Le regard se détourne de l’horizon

Qui se dérobe

Pour voguer au gré des caprices des aubes.

Lentement,

Le cœur enchanté enlace la destinée généreuse

Qui lègue son éclat aux aurores heureuses.

Régénéré,

Le rêve fécondé embaume l’attente

Des horizons couronnés

Qui fredonnent les regards obstinés.


Résonance

Quand surpris par le cri étouffé

Le mot est suspendu au bout de la plume,

Quand tous ces tableaux de peinture de la nature

Perdent leur éclat au travers

Le voile des yeux embués,

Quand le parfum de la rose s’évapore

Sous le regard désenchanté des pétales fanées,

Quand l’arbre effeuillé doit se résoudre

A exhiber sa nudité aux vents déchaînés,

Il ne reste plus qu’à tenter de trouver refuge

Dans chaque note de musique,

De chaque symphonie.

L’écho qui fait vibrer le cœur blotti

Dans un coin de poitrine frémissante,

L’écho secourable rentre en résonance

Avec le souffle suprême de la Mélodie

De l’Âme du Monde.


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Photo prise par Feddal Salima©

Un Amour pour Alger

Je suis loin de la gaieté de ton ciel,

Mais le parfum de tes aurores a su

S’incruster dans la marche de mes appels.

Je suis loin de l’agitation de ta jeunesse

Mais sa vitalité et son espérance ont su

Animer la promesse des rêves qui sommeillent en moi.

Il me tarde de me replonger dans la blancheur

De tes arcades.

Comme il me tarde de te voir triompher

Sur la rugosité de tes jours

Pour retrouver l’éclat chatoyant de

L’hymne qui surplombe la noblesse de ta mer.

Il me tarde de te voir retrouver

L’immaculé de ta beauté printanière dans

La générosité de tes semences.

Comme il me tarde d’entendre la prière

De la lumière qui signe

L’aube de tes lendemains

Ô toi Alger !


Une mosaïque de rythmes de vie

Au sommet de l’arbre de la vie

Sont suspendues les arabesques

De la mémoire des siècles

Où le monde en gestation a connu

Ses premières aurores et

Ses premiers crépuscules.

Un ciel lourd de son histoire

A déposé sa graine illuminée

Dans l’intimité d’une terre qui

Balbutie sa métamorphose mais

Ô combien est offerte.

Dans une profusion de couleurs astrales,

Une mosaïque de rythmes de vie

A semé d’arcade en arcade

Les mailles qui tissent

Les confidences des êtres enfantés.

Bercée par l’hymne qui ne

Livre pas encore ses secrets,

L’ensorcelante rose aux pétales de miracles

Anime l’emblème de la vie.


Mon mot

Mon mot est abandon et pauvre à la fois,

Mon mot est calme et orage à la fois,

Mon mot est sourire et larme à la fois,

Mon mot est enflammé et frileux à la fois,

Mon mot est solitaire et silencieux à la fois,

Mon mot est chagrin et couleurs à la fois,

Mon mot vit au fil de l’air

Entre flamme et argile,

Il se consume et se régénère

Tel un secret

Qui n’a pas encore dit

Son dernier Mot.


L’ultime élan

A l’aube de mon réveil

On m’a appris à lire ;

Sur l’aurore de mon petit jardin,

On m’a tenu la main pour écrire.

Et puis, çà et là, j’ai butiné

Des façons, quelque peu maladroites,

De nourrir et de grandir,

De trébucher et de frémir,

D’attendre et de souffrir,

De se consoler et de partir,

De s’extasier et d’offrir,

De donner et de sourire.

Encore et encore,

Les mystères des souffles et des misères

Me plongent dans ces eaux troubles

Qui ôtent repos et sommeil,

Dans un cortège de peines et de chagrins.

Inutile de décrypter les symboles des tatouages

Transcrits sur vos peaux,

Le paysage de vos mains et visages

Me raconte

Vos colères, amertumes et douleurs,

Vos plaisirs, rires et bonheurs.

Sans aide aucune,

Encore et encore,

Je dois apprendre à naviguer

Dans mes propres eaux profondes.

Je dois apprendre à escalader

Mes propres montagnes.

Arrivée au sommet de la plus haute d’entre elles,

La vue sera des plus belles.

Enfin, mon souffle se libérera

De ce corps encombrant

Que vous avez bousculé et poussé

Çà et là pour vous faire de la place.

Je déposerai mon corps en offrande,

Au pied de l’arbre

Qui nourrira les enfants.

Et dans un ultime élan,

Je me déploierai pour me dissiper

Dans la lumière céleste natale,

Dans un Aller

Sans Retour.


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Photo prise par Feddal Salima©

La demeure sacrée

De ma douleur, j’en ai fait une fidèle compagne.

La décrire c’est lui nuire

La fuir c’est la trahir.

A quoi bon partir

Pour chercher bombance et plaisir

Dans ces contrées où mourir

Devient aussi banal que de se nourrir.

A quoi bon partir

Quand le cri abrégé de l’enfant martyr

N’a plus où se blottir,

Préférant s’évanouir

Dans le silence du sang

A glacer les entrailles d’une montagne.

A quoi bon partir

Partout, l’obscure barbarie des temps modernes

Se réjouit de la mondialisation des machines

A asservir, à avilir et à anéantir.

Peu m’importe la fière chandelle pour le progrès à la subsistance ;

A quoi bon des voyages de plus en rapide à s’offrir ;

A quoi bon des mirages d’un meilleur du meilleur se nourrir ;

A quoi bon de quelques temps allonger son existence ;

Si les jeux en déshérence des innocences

Si l’éclosion, en otage, des sourires de l’enfance

Ne retrouvent plus le chemin de la bienveillance

De leur demeure sacrée en résurgence.


L’écho retrouvé

Sortant de ta chrysalide

Enveloppée de lumière printanière,

Ton regard frétillant

S’est défroissé au fil de l’éclosion

Des fleurs dans les clairières.

Tu as pris ma main ;

Tu as emboité mon pas ;

Hésitante au début,

Et puis, peu à peu,

La hardiesse s’est invitée

Dans tes yeux d’enfant.

Cheveux au vent de l’insouciance,

Tu as butiné, çà et là,

Dans la roseraie de l’adolescence.

Chaque jour, les yeux fascinés

Par le hasard de tes cueillettes,

Tu les as déposées fièrement

Sur mes genoux attendris et comblés.

J’ai accompagné tes peurs

Des ombres évanescentes

Des mystères qui se dérobent.

J’ai veillé sur ton sommeil

Et apaisé quelques cauchemars agités.

Profusion de présence et de tendresse

A raffermi tes pas et nourri ton regard.

Et puis un jour,

Mes genoux aux sens dressés,

Sont alertés par

L’absence de tes cueillettes.

Les jours passant,

Le silence épaissi

Par l’évanouissement du son de ta voix,

A jeté ma détresse

Dans un abîme sans fond.

Ivre de douleur,

De toutes les forces de mon âme,

J’ai crié ton nom.

Les larmes d’un cœur brisé

Ont trempé le chevet de ton lit vide.

Aucun remède n’a pu alléger

Le pas dévasté et lourd

Qui traîne des entrailles embrasées.

J’ai attendu, j’ai attendu,

La résurgence de ta voix,

Dans les rires des filles de ton âge

Que je croise ;

Dans les pages des livres

Que tes yeux ont parcourues ;

Dans le vent nocturne qui vient

Bousculer ma fenêtre.

Pour un signe,

Pour un message de toi,

Ô toi âme de mon âme,

La mort dans l’âme,

Je n’ai plus de vague à l’âme

Pour craindre le froid

De ma propre évanescence.

Et puis un jour,

Ressuscitée,

Mon cœur s’est envolé à la rencontre

De l’écho de ta voix retrouvée.