Arts & Poésie - Feddal Salima

Le Silence Eclaté

Lesilenceeclate

Illustration peinture de Michel BENARD

 

 

'Couronné par le Prix Thibault de Champagne, Le silence éclaté, premier recueil de Salima FEDDAL s'annonce déjà comme la promesse d'une semence généreuse. Salima FEDDAL s'abreuve aux sources originelles, aux racines minérales de la mémoire de sables. Ses mots, ses images qu'elle saupoudre parcimonieusement contiennent cette volonté de fertiliser les coeurs trop secs, de féconder dans l'aridité de l'esprit des oasis de rêves et de beauté. Mirages éternels, l'espérance et l'amour sont confiés au vol fragile de l'oiseau migrateur, chaque signe se donne pour mission d'égréner dans l'espace des fragments de bonheur que Salima FEDDAL tisse patiemment comme un tapis de haute laine. La liberté de l'écriture laisse place  à une image qui révèle un mélange de parfums des hauts plateaux, de désert et de sel marin. Salima FEDDAL éveille en elle tous les silences de la sagesse ancestrale, réminiscences nomades qui seules peuvent permettre de comprendre la valeur véritable d'une goutte d'eau, du miracle, de la floraison après l'orage. Afin de mieux nous abreuver d'eau, de miel et de fruits des palais, Salima FEDDAL nous aide à mieux extirper de la matrice aride du désert pour peut-être mieux nous 'restituer l'élan du sang ancestral qui irriguera nos jouissances'.

Ce Silence Eclaté est la voix qui sait que la poésie est une échelle où l'homme se doit de retrouver sa source originelle. La luminosité d'âme d'une femme repose entre ces pages, à vous d'être le vitrail qui en glorifiera le rayonnement.'

Michel BENARD

Michel BENARD, poète, peintre, essayiste, lauréat de l'Académie Française, chevalier des Arts et des Lettres, administrateur de la Société des Poètes Français, fut la première personne à m'encourager spontanément à publier ma poésie au travers de ce recueil 'Le Silence Eclaté'.

Vital HEURTEBIZE, Président des Poètes sans Frontières, résume de façon sublime ce je pense de Michel BENARD : 'Tout à la fois poète et peintre, Michel Bénard conjugue admirablement ces deux modes d'expression artistique et on finit par ne plus savoir qui du peintre ou du poète a composé les oeuvres qu'il nous offre. Il faudrait presque dire qu'il utilise pour s'exprimer, les "mots de la peinture" et les "couleurs de la poésie", tant les deux sont étroitement imbriquées. On pourrait y ajouter la musique !
C'est ainsi que dans un langage pictural, Michel Bénard nous entraîne vers des sommets où l'air se purifie à ce point qu'il deviendrait irrespirable, si nos modestes inspirs ne faisaient l'effort de s'expanser en nous jusqu'au plus profond de nos fibres les plus intimes. Alors tout revit et tout vibre sous cet appel d'un souffle nouveau qui nous manquait : nos regards se tournent vers une autre lumière, nos pensées s'élèvent bien au-dessus d'un monde profane...chaque poème de Michel Bénard nous fait gravir un degré dans notre voie d'initiation.'


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Photo prise par Feddal Salima©

Des extraits de mon recueil 'Le Silence Eclaté'.

L’ultime Secret  

A travers le vacarme de nos temps

Comprimés dans les espaces éphémères,

Je rêve de percevoir la voix cosmique

Qui sait libérer les âmes de l’étroitesse

Des prismes des murs et des corps égarés ;

Je rêve de percevoir l’immaculé de l’éternel virginité

Qui sait faire naître des innocences de

Mondes infinis qui savent garder la mémoire

De l’ultime secret de l’Unique

Dans la multiplicité de leurs progénitures.


Hymne

Une route se dévoile dans un hymne

De chants et de couleurs.

Des roses fanées se redressent pour

Honorer un ciel en fête.

Des lumières généreuses enlacent

Tendrement la silhouette des pointes montagneuses.

Des ondes gracieuses serpentent

Le long des chemins luxuriants.

Une scintillante mélodie accompagne la vitalité

D’une terre en pleine gestation.

Une âme délivrée de la mélancolie de ses contraintes

Retrouve l’instant d’une éternité, l’extase de

Ses rêves d’enfance.


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Photo prise par Feddal Salima©

Afrique

A travers les âges tu surplombes majestueusement nos racines.

Nous venons nous abreuver à la vitalité de ton sein.

Alors, nous chantons la quintessence de tes couleurs ;

Et nous rythmons la cadence de la sève qui t’irrigue.

L’irrésistible douceur de tes beautés

Féconde nos rêves et nos élans.

Nos cœurs se souviendront toujours de

Ta voluptueuse authenticité.

Nos mains emplies de tes semences sauront toujours

Dire la plus belle calligraphie de ton nom :

Afrique.


Lève-toi !

Tu es un visage dévoré par le chagrin,

Tu es un corps mutilé par les douleurs,

Tu es un cœur rongé par les blessures,

Lève-toi femme !

Lève-toi ! Au-dessus des chagrins,

                 Au-dessus des douleurs,

                 Au-dessus des blessures,

Lève-toi ! Au-dessus de tout pleur, de toute angoisse

Lève-toi ! Comme un albatros au-dessus des océans

Lève-toi ! Plus haut, aussi haut

Que cette étoile scintillante ponctuant le ciel,

Lève-toi ! Symbole de la terre fertile

Lève-toi ! Signe de la fécondité

Lève-toi ! Flore humaine

Lève-toi ! Femme


Ô mon beau pays

Je viens te chanter, ô mon beau pays !

Aux couleurs chaleureuses des printemps rayonnants.

Je sens encore le parfum rebelle de tes montagnes,

Et je viens de me joindre à l’élan

Des youyous qui ont glorifié ton ciel libre.

Je viens te chanter, ô mon beau pays !

Au visage majestueux,

Tu as la jeunesse d’un bourgeon

Tu as la fraîcheur de l’aurore

Ti as la générosité de ton soleil !

Délice est le chant de ta mer, de tes neiges et de ton plamier.

Et ô combien attendrie je suis,

Quand je te vois,

Noble attente, dans les mains

De ceux que tu as enfantés.


Un jeune djoundi

Le regard vide,

N’exprimant ni joie, ni tristesse,

Ni plaisir, ni peine,

Il court en zig-zag,

Les mains crispées sur son arme.

Son état couleur de son uniforme,

Il court en zig-zag,

Les mains crispées sur son arme,

Le regard de plus en plus dur,

Il court tout droit maintenant.

Djoundi respirant la jeunesse, djoundi inspirant peu d’espoir,

Il court tout droit

Tout droit vers la mort.


J’ai connu

J’ai connu la vengeance des vents

J’ai connu la connivence des vagues

J’ai connu la satire de nuit

J’ai connu l’éloge du jour

J’ai connu les révélations de l’éclair

J’ai connu les menaces du tonnerre

J’ai connu l’angoisse et l’extase

Quand mon regard rencontre le silence infini

De ces espaces célestes.


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Photo prise par Feddal Salima©

Pour l’art et la nature

Il a mordu dans un rêve

Qui s’est épanoui

Dans un désir sans trêve,

Descendant d’un charme

De miel moelleux.

Dans un heureux désordre

De couleurs et d’odeurs entremêlées,

Une harmonieuse mélodie a surgi

Et l’a ensorcelé mieux qu’un Art.

Un Art frère de la marche des astres,

Un Art trop rigoureux dans toute part,

Qui vole en toute liberté.

Emporté dans la caresse d’un vent velouté

Pour l’Art et la Nature,

Il a mordu dans un rêve,

Tissé dans une trame

D’hiéroglyphes de sourires

Qu’il a su lire.

Dans son paysage

Couleur d’ambre hâlé

Par le soleil d’un printemps

Chaud d’Orient,

Pour l’Art et la Nature

Il a mordu dans un rêve.


L’histoire des deux aurésiennes

Je la voyais arriver de loin bousculer ces lieux

Où la terre semble se confondre au ciel,

Avec sa longue gandoura briolée,

Je croyais apercevoir un vol romantique

D’un oiseau exotique.

Le vol s’approcha de moi et s’abattit

Dans un sourire frère du mire.

Un vent frais s’amusait avec ses longues nattes

Que le henné honore et soulevait une mèche de cheveux

Faisant ainsi découvrir la fierté de son front,

Un soleil ruisselant faisait étinceler son

Regard noir et accentuer la franchise de son visage.

Sa mémoire aiguisée ne peut ignorer

La moindre pierre de son bled.

Elle me conduisit dans un lieu solitaire

Que consolait la présence d’une maison courageuse

Qui n’a pas peur des grands vents.

La porte s’ouvrit et me fit découvrir

Le paysage d’un intérieur désolé

Que consolait la présence d’une belle-mère

Dont la beauté accablée et courbée

Avait cessé de défier le temps.

La belle-fille me fit asseoir sur une peau de mouton

Et m’offrit de la galette et du petit lait.

C’était alors que la vieille sortit de

Son sein tari la lettre d’un fils vivant.

Dans ces pays où on ne parle pas l’arabe.

La lecture de la missive fir couler

Chez l’une et chez l’autre des larmes déprimées

Qui n’avaient pu lever le rideau de l’absence.

Ce sont deux aurésiennes qui avaient connu

Le cri de la solitude des nuits d’hiver.


Sous les éclats des bombes

Il est des colombes

Qui,sous les éclats des bombes,

Sont parties en trombe

Réveiller les morts de leur tombe.

Le regard larmoyant

Ils ont surgi dans cette tranche

De temps et d’espace, où sévit

La fureur funeste des destructeurs

De tout ce qui vit,

De tout ce qui verdit et mûrit,

De tout ce qui élève et surgit,

A l’heure où se tend le visage de sa main

Envers une âme sœur

Se devant étaler une aumône de douceur,

Le regard durci,

Les morts ont donné le dos à ce monde

Maudissant les guerres,

Ils sont retournés dans leur tombe

Faisant jurer les colombes

De ne plus venir en trombe

Sous les éclairs des bombes,

Lancer leurs appels en sondes.


A la gloire de Ton infini pardon

La parole des hommes est difficile

Pourtant combien simple et harmonieuse est Ta parole :

C’est la parole des astres et des océans,

C’est la parole des vents et des saisons,

C’est le dialogue du jour et de la nuit,

C’est le son de la sève et du sang…

Ainsi tout se meut dans l’ordre

Sans nulle discorde.

Ton air est rempli de Tes promesses

Et pourtant nous trébuchons encore dans nos ombres

Alors que Ta lumière jaillit de toute part.

Ô combien je suis émue

Devant la contemplation de Ton empire

Si simple et si profond.

Il est des matins où mon cœur déborde

D’un ineffable sentiment de Paix et d’Amour,

Car il m’arrive d’entendre les pas de Ton silence.

Que la chanson qui a poussé dans ma vie

Te soit destinée ; Toi qui nous a toujours chantés,

Accepte-la, ainsi que celles de tous ceux dont le cœur saigne.

Ô Toi l’Unique, le Suprême, l’Eternel

Je te chante à ma façon ;

Mais apprends-moi la meilleure chanson

Celle qui sait rejoindre le doux parfum

De Ta grandeur et de Ta douce discrétion.

Tu aimes découvrir que nous aimons ce mode que Tu nous a choisi,

Ainsi accepte toutes les larmes qui T’honorent

Et réduis en cendres la flamme de la haine

Et de tout ce qui peut tacher

La blancheur immaculée de l’innocence de Ton Univers,

Ainsi que la Splendeur de Ton incessant labeur.

Je passerai ma vie à Te chercher

Là où Tu es partout.

Ô Toi ! qui dépasse la profusion de Tes richesses

Je T’émets un cri que Tu es l’unique à percevoir,

A la gloire de Ton infini pardon.


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Photo prise par Feddal Salima©

La sagesse

Elle :   C’est l’île hôtesse

          Des esprits rebelles à l’indélicatesse

          De la tristesse et de la rudesse,

          Maîtresses de l’angoisse

Elle :  C’est la certitude des promesses

          C’est la victoire de l’allégresse

          Qui apporte raison à tout désespoir

Elle :  C’est la défaite de la paresse de l’ivresse

          C’est la dissipation du noir des journées traîtresses

          C’est la gentillesse

          Des cœurs qui ne sont que tendresse

Elle :  C’est la délicatesse

          Même quand les jours dessinent

          Des vaguelettes sur le visage de la vieillesse

Elle :   C’est l’élégance des cheveux blancs

          Que le temps apporte à la jeunesse

Elle :   C’est la déesse

          Qui arrose la sécheresse

          Des esprits ignorants

          La lumière de la sagesse

Elle :   C’est le dernier convoi

          Qui envoie sa voix

          Claquant en soi

          Dans les profondeurs du Moi

          Même quand trop tard est en Soi

Elle :   C’est la sagesse.


L’horizon qui se dérobe

Voici une jarre trouée qui contient un temps qui part et qui meurt ;

Ceci permet, en revanche, de vivre l’instant de percevoir le message

D’une écume orgueilleuse qui conduit l’océan,

D’une argile adolescente qui se rebelle,

D’un paysage mélancolique qui fait rire ses larmes,

D’un arbre déçu qui vomit son sang,

D’un gourbi ravi qui émet un bourgeon de palais,

D’un feu naïf qui se brule,

D’un rire désolé qui se lamente,

D’un passé fier qui redresse la tête d’aujourd’hui,

D’un avenir courageux qui surgit du chaos,

D’une beauté morbide qui vole du charme,

D’une jeunesse précoce qui connait l’amertume,

D’un art chaleureux qui accueille ses origines,

D’un espoir guéri qui affronte l’inconnu,

Un inconnu insondable qui se dérobe,

D’une main généreuse qui offre des raisons de vivre,

D’une plume sincère qui meurt dans ses appels,

D’une pitié avisée qui s’offre au compte-gouttes,

D’une nuit diamantée qui rougit de bonheur,

D’un train ennuyé qui n’accepte plus de conduire la vie,

D’un spectre frivole qui exhibe l’intimité de ses couleurs,

D’un emblème emprisonné qui brise ses chaînes,

D’un temps révolu qui persiste dans les fissures du présent,

D’un zénith fidèle qui n’oublie guère le nadir,

D’une main parfaite qui fait naître

Un Amour infini qui veut dissiper toute haine

Tout ceci

Me grise pour me dépasser

Me soulage pour m’inquiéter

M’attriste pour m’angoisser

M’aiguillonne pour me révolter

M’attire pour m’éclairer

Me fait souffrir pour mieux sourire.


Jeunesse

Ô jeunesse ! défiant les appels plaintifs

Du sein qui t’a nourrie,

Combien tu rythmes pourtant le sang

Qui a irrigué tes hiers et

Qui bat la cadence de tes lendemains.

Ces jambes qui te portent

Comme les ailes d’un albatros,

Ô combien de fois elles ont foulé

Cette terre qui a abrité les entrailles de tant de mères !

Ô jeunesse !           J’aime en toi

                    La fragilité de l’inaccessible,

                    L’assurance de tes promesses,

                    La fierté de ton soleil…

Et ô combien enivrant est le charme de la nudité de tes rêves.


Mère

Je refuse que la nuit me boude

Et me donne le dos pour avoir à elle seule

Le secret de tes larmes

Mère !

                              Pardonne-moi mon absence et tes sacrifices

                              Pardonne-moi to attente et ton veuvage

                              Pardonne-moi ton profond dévouement à mes desseins

Je refuse que ce soit toujours cette fenêtre

A travers laquelle tu contemples cet arbre qui me boude

Et que tu vois au fil de la trame des jours

                                       Tantôt dégarni

                                       Tantôt enneigé

                                       Tantôt fleuri

Comme tu étais belle Mère !

Enfant, je refusais ces regards envieux qui erraient

                              De la noblesse de ta chevelure

A la délicatesse de ta peau

De la limpidité de ton regard

A la perfection scintillante de ton doux sourire

Comme tu me manques Mère !

Comme la rudesse des jours a hâlé ta peau,

Comme les nuits traîtresses ont ponctué ta longue chevelure

Au rythme de la naissance des étoiles dans le ciel

Mais ô combien beau est ton sourire

Quand tu vois les oiseaux de tes entrailles

Retourner dans le lit maternel.

Je rentrerai bientôt Mère,

Il me tarde de me purifier dans ta caressante odeur

Et je me revitaliserai dans le courage de ta patience

Mère !

                    Mama !

Parle-moi encore de la délicatesse des rêves de mon père.


J’entends des voix

J’entends des voix :

                              Des voix métalliques,

Des voix cristallines,

Des voix faibles,

Des voix abandonnées,

Des voix qui déchirent l’air,

Des voix qui arrachent les larmes du ciel,

Des voix qui agonisent,

Dans le désert de la Mort.


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Photo prise par Feddal Salima©

Une fleur en pleur

Une fleur en pleurs,

Se meurt en douceur,

Rongée par l’horreur,

D’un air malsain et tueur.

Toutes les fleurs-sœurs

Perdues dans l’ampleur

Des contrées lointaines à la lueur

Des horizons majeurs,

Se sont levées en cœur

Disant « Halte ! » aux destructeurs

De toute part et de toute heure.


Régénération

Appelle tes cris évanouis

Rassemble tes énergies éparpillées

Avec ta première volonté

Commence à lancer

Les premières fondations de tes convictions

Et construis aujourd’hui ta vérité

N’attends pas demain !

Car la nuit peut désosser tes volontés.


Un appel

Quand le jour fatigué se retire

Pour que la nuit s’installe discrètement,

Mon âme éperdue est enchantée par

Ce vaste empire, obscur et mystérieux.

Mon âme s’agite et cherche ce que

Les yeux ne peuvent déceler.

Je retourne en moi,

Je complète les gémissements de mon cœur qui s’amplifient

Mes mains,

                    Ces mains qui n’ont vécu que dans l’attente,

                    Tremblent et s’élèvent vers Toi ;

Descends en moi Eternité des temps

                              Descends en moi avec Ton appel.


Harmonie

Je viens m’abreuver à la source de mes racines,

Je viens puiser mes forces dans le lait maternel de mes origines,

Je viens chanter le sang ensoleillé qui irrigue les veines de ma généalogie.

Je repars sans déranger les paisibles nuits qu’abrite le ciel de mon enfance,

Je repars en fredonnant la langue de mes premières réjouissances,

Je repars en emportant la douce douleur de mes premières souffrances.

J’attends de voir fleurir le printemps des premiers bourgeons de mes rêves,

J’attends de voir mûrir le fruit de mes premières convictions,

J’attends de voir ressurgir la volonté d’un passé

Qui a su bâtir l’espoir de nos lendemains.

Ainsi, comment pourrais-je me laisser engourdir par le sommeil,

Quand me parviennent les appels quotidiens des premières aurores

De ma vie à une offrande du plus pur et du plus bel acte

Que la trame des jours a su me faire découvrir ?!!...


L’éternel souffle

Il m’arrive de ne pas croire

En certaines paroles trébuchantes,

En certains gestes décharnés,

En certains lendemains emprisonnés ;

Surtout quand ces paroles

                    Ces gestes

                    Et ces lendemains

Engendrent le paysage désolant d’un

Sang ayant avorté sa progéniture

Mais,

Il ne m’est jamais arrivé de douter

De la discrétion d’une vie en perpétuelle gestation ;

De la douce promesse infinie de ces espaces célestes ;

De la simplicité et de la beauté de ces cycles universels,

Pourtant si complexes,

Modeste témoin d’un instant

J’apporte humblement mon émerveillement,

                                       Mon extase,

                                       Ma reconnaissance,

                                       Et mon amour,

Au souffle créateur qui anime

Toute forme d’intelligence

Et qui n’a de limites que l’éternité.


La fibre du poète

Quand l’âme du poète, à l’aurore, est enchantée

Par l’offrande de tant de beautés ;

Quand l’âme du poète est meurtrie

Par les silencieuses douleurs nocturnes des temps ;

Quand l’âme du poète est émerveillée

Par l’éblouissante lumière des jours de vérité ;

La puissante douceur des chants des ses fibres enfante

A chaque instant de nouvelles couleurs

De rêves et d’espoirs

Qui disent que l’âme du poète n’a pas de place pour

La solitude.


Le pays de ma généalogie

Quand l’air pur de tes hauts plateaux me parvient

A travers les contrées,

L’image vivante de la couleur de ta mer, de tes montagnes et de ton désert

M’arrache le soupir des entrailles de mon enfance ;

Une enfance bercée par la clarté chatoyante d’un ciel sans remords,

Un ciel qu’honorent les youyous de ta jeunesse,

Une jeunesse qui bourgeonne partout

Là d’où émane l’authentique parfum des terres.

Quand l’air pur des hauts plateaux de mon enfance vient

Envelopper chaleureusement mon cœur frémissant,

Ni la force des temps,

Ni la couleur d’autres espaces

Ne savent atténuer la puissance de ton appel

Ô toi pays de ma généalogie.


Une aurore de rêve

Je rêve d’un monde qui sait extirper

La haine accumulée par les siècles.

Je rêve d’un monde qui sait couvrir

L’homme de la dignité et de la noblesse qui lui revient.

Je rêve d’un monde qui sait pourchasser

Le vacarme de tant de colère

Pour, enfin, venir s’abreuver à la sérénité d’un instant de paix.

Je rêve d’un monde qui sait s’arracher

A un crépuscule évanescent

Pour ressurgir dans une aurore de pardon et d’amour.


Révérence

Que les jours qui t’ont donné le dos,

Insensibles à tes appels étouffés,

Te sourient dans l’éclat de la semence

De tes rêves éperdus.

Que les jours qui n’ont pas entendu

L’écho de tes douleurs nocturnes,

T’accueillent dans le velouté du charme

De l’aube en résurgence.

Que les jours qui t’ont humilié,

En extirpant la vitalité des couleurs

Qui jalonnent ton chemin,

Se remémorent la générosité de ta fibre frémissante,

Arrêtent leur vertigineuse course,

Et dans une révérence de félicité,

Te restituent l’élan du sang ancestral qui irrigue

Tes jouissances.


Félicité

Quand les ombres se font aspirer

Par la clarté de la Vérité,

Quand la haine et la méchanceté se font pardonner

Par la générosité de l’Amour,

Les cœurs triomphants retrouveront

Le chemin de la félicité

Dans une onde de douceur et de beauté,

Qui ne connaît des aurores naissantes

Que Vérité.


Sérénité

Vêtue de sa gandoura brodée or et argent

Le front fier et lisse,

Les yeux vifs et chaleureux,

Le cou, les bras et les doigts délicatement ornés de bijoux,

Elle se tenait là, majestueuse,

La promesse de sa jeunesse avait banni l’indifférence des jours,

Comme

La beauté des ses gestes avait su cristalliser le parfum de ses empreintes,

Et maintenant,

Même les caprices de tes souvenirs

Ne savent pas lui arracher un soupir de regret

Devant

Un dos affaibli par les années et une main quelque pue tremblante

Mais hélas hésitante.

C’est une main qui sait égrener sereinement le chapelet de

L’éternité des temps.


J’aime ceux qui…

J’aime ceux qui trébuchet dans leurs illusions et

                    Qui poursuivent leur chemin bannissant de leur bouche

                    L’amertume des jours désolés.

J’aime ceux qui disent leur colère et pardonnent,

J’aime ceux qui pleurent sans jamais perdre le souvenir du

                    Sourire.

J’aime ceux qui reconnaissent la générosité des mains

                    Qui se tendent dans la rude obscurité hivernale.

J’aime ceux qui disent leurs rêves et leurs craintes

J’aime ceux qui, se sentant un jour étouffés par l’étroitesse

                    Des limites de leurs jours,

                    Sèchent leurs larmes en élevant leur regard

                    Vers la promesse des horizons éternels.


Frissons

J’entends la main décharnée du désespoir

Engourdie par les lourdes années sans appel ;

Je vois la révélation de la vérité dans le regard

Innocent de l’enfance ;

Je saisis la larme chaude de la peine

Fragilisée par les années d’une jeunesse

Qui n’a cessé de redresser la tête de ses jours

Lourds de promesses sans lendemains.

Je vois des poitrines gonflées

Par l’ambition du vide glacial du mensonge ;

Je vois des mains porteuses de maternités

Distribuer de vagues raisons de vivre ;

Je vois des regards se détourner des visages

Assombris par l’attente

Rebelle à l’illusion d’un instant d’ivresse.


Revanche des temps

Que de temps perdu à écouter

La mélodie fanée des ersatz de gloires

Arrachés à des mains hermétiques

Qui ne sauront plus dire l’instant

De la parole étouffée

Un souffle nouveau jaillit

D’un tourbillon de rêves décidés

Que la revanche des jours

A su s’extirper, même de l’amertume solitaire

Du tournesol qui a cessé d’adorer le soleil.

De l’onde fraîche des temps ressuscités,

S’écoule une lumière enchantée

Par la beauté de la saveur cachée

De la parole retrouvée.

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