Le Silence Eclaté
Illustration peinture de Michel BENARD
'Couronné par le Prix Thibault de Champagne, Le silence éclaté, premier recueil de Salima FEDDAL s'annonce déjà comme la promesse d'une semence généreuse. Salima FEDDAL s'abreuve aux sources originelles, aux racines minérales de la mémoire de sables. Ses mots, ses images qu'elle saupoudre parcimonieusement contiennent cette volonté de fertiliser les coeurs trop secs, de féconder dans l'aridité de l'esprit des oasis de rêves et de beauté. Mirages éternels, l'espérance et l'amour sont confiés au vol fragile de l'oiseau migrateur, chaque signe se donne pour mission d'égréner dans l'espace des fragments de bonheur que Salima FEDDAL tisse patiemment comme un tapis de haute laine. La liberté de l'écriture laisse place à une image qui révèle un mélange de parfums des hauts plateaux, de désert et de sel marin. Salima FEDDAL éveille en elle tous les silences de la sagesse ancestrale, réminiscences nomades qui seules peuvent permettre de comprendre la valeur véritable d'une goutte d'eau, du miracle, de la floraison après l'orage. Afin de mieux nous abreuver d'eau, de miel et de fruits des palais, Salima FEDDAL nous aide à mieux extirper de la matrice aride du désert pour peut-être mieux nous 'restituer l'élan du sang ancestral qui irriguera nos jouissances'.
Ce Silence Eclaté est la voix qui sait que la poésie est une échelle où l'homme se doit de retrouver sa source originelle. La luminosité d'âme d'une femme repose entre ces pages, à vous d'être le vitrail qui en glorifiera le rayonnement.'
Michel BENARD
Michel BENARD, poète, peintre, essayiste, lauréat de l'Académie Française, chevalier des Arts et des Lettres, administrateur de la Société des Poètes Français, fut la première personne à m'encourager spontanément à publier ma poésie au travers de ce recueil 'Le Silence Eclaté'.
Vital HEURTEBIZE, Président des Poètes sans Frontières, résume de façon sublime ce je pense de Michel BENARD : 'Tout à la fois poète et peintre, Michel Bénard conjugue admirablement ces deux modes d'expression artistique et on finit par ne plus savoir qui du peintre ou du poète a composé les oeuvres qu'il nous offre. Il faudrait presque dire qu'il utilise pour s'exprimer, les "mots de la peinture" et les "couleurs de la poésie", tant les deux sont étroitement imbriquées. On pourrait y ajouter la musique !
C'est ainsi que dans un langage pictural, Michel Bénard nous entraîne vers des sommets où l'air se purifie à ce point qu'il deviendrait irrespirable, si nos modestes inspirs ne faisaient l'effort de s'expanser en nous jusqu'au plus profond de nos fibres les plus intimes. Alors tout revit et tout vibre sous cet appel d'un souffle nouveau qui nous manquait : nos regards se tournent vers une autre lumière, nos pensées s'élèvent bien au-dessus d'un monde profane...chaque poème de Michel Bénard nous fait gravir un degré dans notre voie d'initiation.'
Photo prise par Feddal Salima©
Des extraits de mon recueil 'Le Silence Eclaté'.
L’ultime Secret
A travers le vacarme de nos temps
Comprimés dans les espaces éphémères,
Je rêve de percevoir la voix cosmique
Qui sait libérer les âmes de l’étroitesse
Des prismes des murs et des corps égarés ;
Je rêve de percevoir l’immaculé de l’éternel virginité
Qui sait faire naître des innocences de
Mondes infinis qui savent garder la mémoire
De l’ultime secret de l’Unique
Dans la multiplicité de leurs progénitures.
Hymne
Une route se dévoile dans un hymne
De chants et de couleurs.
Des roses fanées se redressent pour
Honorer un ciel en fête.
Des lumières généreuses enlacent
Tendrement la silhouette des pointes montagneuses.
Des ondes gracieuses serpentent
Le long des chemins luxuriants.
Une scintillante mélodie accompagne la vitalité
D’une terre en pleine gestation.
Une âme délivrée de la mélancolie de ses contraintes
Retrouve l’instant d’une éternité, l’extase de
Ses rêves d’enfance.
Photo prise par Feddal Salima©
Afrique
A travers les âges tu surplombes majestueusement nos racines.
Nous venons nous abreuver à la vitalité de ton sein.
Alors, nous chantons la quintessence de tes couleurs ;
Et nous rythmons la cadence de la sève qui t’irrigue.
L’irrésistible douceur de tes beautés
Féconde nos rêves et nos élans.
Nos cœurs se souviendront toujours de
Ta voluptueuse authenticité.
Nos mains emplies de tes semences sauront toujours
Dire la plus belle calligraphie de ton nom :
Afrique.
Lève-toi !
Tu es un visage dévoré par le chagrin,
Tu es un corps mutilé par les douleurs,
Tu es un cœur rongé par les blessures,
Lève-toi femme !
Lève-toi ! Au-dessus des chagrins,
Au-dessus des douleurs,
Au-dessus des blessures,
Lève-toi ! Au-dessus de tout pleur, de toute angoisse
Lève-toi ! Comme un albatros au-dessus des océans
Lève-toi ! Plus haut, aussi haut
Que cette étoile scintillante ponctuant le ciel,
Lève-toi ! Symbole de la terre fertile
Lève-toi ! Signe de la fécondité
Lève-toi ! Flore humaine
Lève-toi ! Femme
Ô mon beau pays
Je viens te chanter, ô mon beau pays !
Aux couleurs chaleureuses des printemps rayonnants.
Je sens encore le parfum rebelle de tes montagnes,
Et je viens de me joindre à l’élan
Des youyous qui ont glorifié ton ciel libre.
Je viens te chanter, ô mon beau pays !
Au visage majestueux,
Tu as la jeunesse d’un bourgeon
Tu as la fraîcheur de l’aurore
Ti as la générosité de ton soleil !
Délice est le chant de ta mer, de tes neiges et de ton plamier.
Et ô combien attendrie je suis,
Quand je te vois,
Noble attente, dans les mains
De ceux que tu as enfantés.
Un jeune djoundi
Le regard vide,
N’exprimant ni joie, ni tristesse,
Ni plaisir, ni peine,
Il court en zig-zag,
Les mains crispées sur son arme.
Son état couleur de son uniforme,
Il court en zig-zag,
Les mains crispées sur son arme,
Le regard de plus en plus dur,
Il court tout droit maintenant.
Djoundi respirant la jeunesse, djoundi inspirant peu d’espoir,
Il court tout droit
Tout droit vers la mort.
J’ai connu
J’ai connu la vengeance des vents
J’ai connu la connivence des vagues
J’ai connu la satire de nuit
J’ai connu l’éloge du jour
J’ai connu les révélations de l’éclair
J’ai connu les menaces du tonnerre
J’ai connu l’angoisse et l’extase
Quand mon regard rencontre le silence infini
De ces espaces célestes.
Photo prise par Feddal Salima©
Pour l’art et la nature
Il a mordu dans un rêve
Qui s’est épanoui
Dans un désir sans trêve,
Descendant d’un charme
De miel moelleux.
Dans un heureux désordre
De couleurs et d’odeurs entremêlées,
Une harmonieuse mélodie a surgi
Et l’a ensorcelé mieux qu’un Art.
Un Art frère de la marche des astres,
Un Art trop rigoureux dans toute part,
Qui vole en toute liberté.
Emporté dans la caresse d’un vent velouté
Pour l’Art et la Nature,
Il a mordu dans un rêve,
Tissé dans une trame
D’hiéroglyphes de sourires
Qu’il a su lire.
Dans son paysage
Couleur d’ambre hâlé
Par le soleil d’un printemps
Chaud d’Orient,
Pour l’Art et la Nature
Il a mordu dans un rêve.
L’histoire des deux aurésiennes
Je la voyais arriver de loin bousculer ces lieux
Où la terre semble se confondre au ciel,
Avec sa longue gandoura briolée,
Je croyais apercevoir un vol romantique
D’un oiseau exotique.
Le vol s’approcha de moi et s’abattit
Dans un sourire frère du mire.
Un vent frais s’amusait avec ses longues nattes
Que le henné honore et soulevait une mèche de cheveux
Faisant ainsi découvrir la fierté de son front,
Un soleil ruisselant faisait étinceler son
Regard noir et accentuer la franchise de son visage.
Sa mémoire aiguisée ne peut ignorer
La moindre pierre de son bled.
Elle me conduisit dans un lieu solitaire
Que consolait la présence d’une maison courageuse
Qui n’a pas peur des grands vents.
La porte s’ouvrit et me fit découvrir
Le paysage d’un intérieur désolé
Que consolait la présence d’une belle-mère
Dont la beauté accablée et courbée
Avait cessé de défier le temps.
La belle-fille me fit asseoir sur une peau de mouton
Et m’offrit de la galette et du petit lait.
C’était alors que la vieille sortit de
Son sein tari la lettre d’un fils vivant.
Dans ces pays où on ne parle pas l’arabe.
La lecture de la missive fir couler
Chez l’une et chez l’autre des larmes déprimées
Qui n’avaient pu lever le rideau de l’absence.
Ce sont deux aurésiennes qui avaient connu
Le cri de la solitude des nuits d’hiver.
Sous les éclats des bombes
Il est des colombes
Qui,sous les éclats des bombes,
Sont parties en trombe
Réveiller les morts de leur tombe.
Le regard larmoyant
Ils ont surgi dans cette tranche
De temps et d’espace, où sévit
La fureur funeste des destructeurs
De tout ce qui vit,
De tout ce qui verdit et mûrit,
De tout ce qui élève et surgit,
A l’heure où se tend le visage de sa main
Envers une âme sœur
Se devant étaler une aumône de douceur,
Le regard durci,
Les morts ont donné le dos à ce monde
Maudissant les guerres,
Ils sont retournés dans leur tombe
Faisant jurer les colombes
De ne plus venir en trombe
Sous les éclairs des bombes,
Lancer leurs appels en sondes.
A la gloire de Ton infini pardon
La parole des hommes est difficile
Pourtant combien simple et harmonieuse est Ta parole :
C’est la parole des astres et des océans,
C’est la parole des vents et des saisons,
C’est le dialogue du jour et de la nuit,
C’est le son de la sève et du sang…
Ainsi tout se meut dans l’ordre
Sans nulle discorde.
Ton air est rempli de Tes promesses
Et pourtant nous trébuchons encore dans nos ombres
Alors que Ta lumière jaillit de toute part.
Ô combien je suis émue
Devant la contemplation de Ton empire
Si simple et si profond.
Il est des matins où mon cœur déborde
D’un ineffable sentiment de Paix et d’Amour,
Car il m’arrive d’entendre les pas de Ton silence.
Que la chanson qui a poussé dans ma vie
Te soit destinée ; Toi qui nous a toujours chantés,
Accepte-la, ainsi que celles de tous ceux dont le cœur saigne.
Ô Toi l’Unique, le Suprême, l’Eternel
Je te chante à ma façon ;
Mais apprends-moi la meilleure chanson
Celle qui sait rejoindre le doux parfum
De Ta grandeur et de Ta douce discrétion.
Tu aimes découvrir que nous aimons ce mode que Tu nous a choisi,
Ainsi accepte toutes les larmes qui T’honorent
Et réduis en cendres la flamme de la haine
Et de tout ce qui peut tacher
La blancheur immaculée de l’innocence de Ton Univers,
Ainsi que la Splendeur de Ton incessant labeur.
Je passerai ma vie à Te chercher
Là où Tu es partout.
Ô Toi ! qui dépasse la profusion de Tes richesses
Je T’émets un cri que Tu es l’unique à percevoir,
A la gloire de Ton infini pardon.
Photo prise par Feddal Salima©
La sagesse
Elle : C’est l’île hôtesse
Des esprits rebelles à l’indélicatesse
De la tristesse et de la rudesse,
Maîtresses de l’angoisse
Elle : C’est la certitude des promesses
C’est la victoire de l’allégresse
Qui apporte raison à tout désespoir
Elle : C’est la défaite de la paresse de l’ivresse
C’est la dissipation du noir des journées traîtresses
C’est la gentillesse
Des cœurs qui ne sont que tendresse
Elle : C’est la délicatesse
Même quand les jours dessinent
Des vaguelettes sur le visage de la vieillesse
Elle : C’est l’élégance des cheveux blancs
Que le temps apporte à la jeunesse
Elle : C’est la déesse
Qui arrose la sécheresse
Des esprits ignorants
La lumière de la sagesse
Elle : C’est le dernier convoi
Qui envoie sa voix
Claquant en soi
Dans les profondeurs du Moi
Même quand trop tard est en Soi
Elle : C’est la sagesse.
L’horizon qui se dérobe
Voici une jarre trouée qui contient un temps qui part et qui meurt ;
Ceci permet, en revanche, de vivre l’instant de percevoir le message
D’une écume orgueilleuse qui conduit l’océan,
D’une argile adolescente qui se rebelle,
D’un paysage mélancolique qui fait rire ses larmes,
D’un arbre déçu qui vomit son sang,
D’un gourbi ravi qui émet un bourgeon de palais,
D’un feu naïf qui se brule,
D’un rire désolé qui se lamente,
D’un passé fier qui redresse la tête d’aujourd’hui,
D’un avenir courageux qui surgit du chaos,
D’une beauté morbide qui vole du charme,
D’une jeunesse précoce qui connait l’amertume,
D’un art chaleureux qui accueille ses origines,
D’un espoir guéri qui affronte l’inconnu,
Un inconnu insondable qui se dérobe,
D’une main généreuse qui offre des raisons de vivre,
D’une plume sincère qui meurt dans ses appels,
D’une pitié avisée qui s’offre au compte-gouttes,
D’une nuit diamantée qui rougit de bonheur,
D’un train ennuyé qui n’accepte plus de conduire la vie,
D’un spectre frivole qui exhibe l’intimité de ses couleurs,
D’un emblème emprisonné qui brise ses chaînes,
D’un temps révolu qui persiste dans les fissures du présent,
D’un zénith fidèle qui n’oublie guère le nadir,
D’une main parfaite qui fait naître
Un Amour infini qui veut dissiper toute haine
Tout ceci
Me grise pour me dépasser
Me soulage pour m’inquiéter
M’attriste pour m’angoisser
M’aiguillonne pour me révolter
M’attire pour m’éclairer
Me fait souffrir pour mieux sourire.
Jeunesse
Ô jeunesse ! défiant les appels plaintifs
Du sein qui t’a nourrie,
Combien tu rythmes pourtant le sang
Qui a irrigué tes hiers et
Qui bat la cadence de tes lendemains.
Ces jambes qui te portent
Comme les ailes d’un albatros,
Ô combien de fois elles ont foulé
Cette terre qui a abrité les entrailles de tant de mères !
Ô jeunesse ! J’aime en toi
La fragilité de l’inaccessible,
L’assurance de tes promesses,
La fierté de ton soleil…
Et ô combien enivrant est le charme de la nudité de tes rêves.
Mère
Je refuse que la nuit me boude
Et me donne le dos pour avoir à elle seule
Le secret de tes larmes
Mère !
Pardonne-moi mon absence et tes sacrifices
Pardonne-moi to attente et ton veuvage
Pardonne-moi ton profond dévouement à mes desseins
Je refuse que ce soit toujours cette fenêtre
A travers laquelle tu contemples cet arbre qui me boude
Et que tu vois au fil de la trame des jours
Tantôt dégarni
Tantôt enneigé
Tantôt fleuri
Comme tu étais belle Mère !
Enfant, je refusais ces regards envieux qui erraient
De la noblesse de ta chevelure
A la délicatesse de ta peau
De la limpidité de ton regard
A la perfection scintillante de ton doux sourire
Comme tu me manques Mère !
Comme la rudesse des jours a hâlé ta peau,
Comme les nuits traîtresses ont ponctué ta longue chevelure
Au rythme de la naissance des étoiles dans le ciel
Mais ô combien beau est ton sourire
Quand tu vois les oiseaux de tes entrailles
Retourner dans le lit maternel.
Je rentrerai bientôt Mère,
Il me tarde de me purifier dans ta caressante odeur
Et je me revitaliserai dans le courage de ta patience
Mère !
Mama !
Parle-moi encore de la délicatesse des rêves de mon père.
J’entends des voix
J’entends des voix :
Des voix métalliques,
Des voix cristallines,
Des voix faibles,
Des voix abandonnées,
Des voix qui déchirent l’air,
Des voix qui arrachent les larmes du ciel,
Des voix qui agonisent,
Dans le désert de la Mort.
Photo prise par Feddal Salima©
Une fleur en pleur
Une fleur en pleurs,
Se meurt en douceur,
Rongée par l’horreur,
D’un air malsain et tueur.
Toutes les fleurs-sœurs
Perdues dans l’ampleur
Des contrées lointaines à la lueur
Des horizons majeurs,
Se sont levées en cœur
Disant « Halte ! » aux destructeurs
De toute part et de toute heure.
Régénération
Appelle tes cris évanouis
Rassemble tes énergies éparpillées
Avec ta première volonté
Commence à lancer
Les premières fondations de tes convictions
Et construis aujourd’hui ta vérité
N’attends pas demain !
Car la nuit peut désosser tes volontés.
Un appel
Quand le jour fatigué se retire
Pour que la nuit s’installe discrètement,
Mon âme éperdue est enchantée par
Ce vaste empire, obscur et mystérieux.
Mon âme s’agite et cherche ce que
Les yeux ne peuvent déceler.
Je retourne en moi,
Je complète les gémissements de mon cœur qui s’amplifient
Mes mains,
Ces mains qui n’ont vécu que dans l’attente,
Tremblent et s’élèvent vers Toi ;
Descends en moi Eternité des temps
Descends en moi avec Ton appel.
Harmonie
Je viens m’abreuver à la source de mes racines,
Je viens puiser mes forces dans le lait maternel de mes origines,
Je viens chanter le sang ensoleillé qui irrigue les veines de ma généalogie.
Je repars sans déranger les paisibles nuits qu’abrite le ciel de mon enfance,
Je repars en fredonnant la langue de mes premières réjouissances,
Je repars en emportant la douce douleur de mes premières souffrances.
J’attends de voir fleurir le printemps des premiers bourgeons de mes rêves,
J’attends de voir mûrir le fruit de mes premières convictions,
J’attends de voir ressurgir la volonté d’un passé
Qui a su bâtir l’espoir de nos lendemains.
Ainsi, comment pourrais-je me laisser engourdir par le sommeil,
Quand me parviennent les appels quotidiens des premières aurores
De ma vie à une offrande du plus pur et du plus bel acte
Que la trame des jours a su me faire découvrir ?!!...
L’éternel souffle
Il m’arrive de ne pas croire
En certaines paroles trébuchantes,
En certains gestes décharnés,
En certains lendemains emprisonnés ;
Surtout quand ces paroles
Ces gestes
Et ces lendemains
Engendrent le paysage désolant d’un
Sang ayant avorté sa progéniture
Mais,
Il ne m’est jamais arrivé de douter
De la discrétion d’une vie en perpétuelle gestation ;
De la douce promesse infinie de ces espaces célestes ;
De la simplicité et de la beauté de ces cycles universels,
Pourtant si complexes,
Modeste témoin d’un instant
J’apporte humblement mon émerveillement,
Mon extase,
Ma reconnaissance,
Et mon amour,
Au souffle créateur qui anime
Toute forme d’intelligence
Et qui n’a de limites que l’éternité.
La fibre du poète
Quand l’âme du poète, à l’aurore, est enchantée
Par l’offrande de tant de beautés ;
Quand l’âme du poète est meurtrie
Par les silencieuses douleurs nocturnes des temps ;
Quand l’âme du poète est émerveillée
Par l’éblouissante lumière des jours de vérité ;
La puissante douceur des chants des ses fibres enfante
A chaque instant de nouvelles couleurs
De rêves et d’espoirs
Qui disent que l’âme du poète n’a pas de place pour
La solitude.
Le pays de ma généalogie
Quand l’air pur de tes hauts plateaux me parvient
A travers les contrées,
L’image vivante de la couleur de ta mer, de tes montagnes et de ton désert
M’arrache le soupir des entrailles de mon enfance ;
Une enfance bercée par la clarté chatoyante d’un ciel sans remords,
Un ciel qu’honorent les youyous de ta jeunesse,
Une jeunesse qui bourgeonne partout
Là d’où émane l’authentique parfum des terres.
Quand l’air pur des hauts plateaux de mon enfance vient
Envelopper chaleureusement mon cœur frémissant,
Ni la force des temps,
Ni la couleur d’autres espaces
Ne savent atténuer la puissance de ton appel
Ô toi pays de ma généalogie.
Une aurore de rêve
Je rêve d’un monde qui sait extirper
La haine accumulée par les siècles.
Je rêve d’un monde qui sait couvrir
L’homme de la dignité et de la noblesse qui lui revient.
Je rêve d’un monde qui sait pourchasser
Le vacarme de tant de colère
Pour, enfin, venir s’abreuver à la sérénité d’un instant de paix.
Je rêve d’un monde qui sait s’arracher
A un crépuscule évanescent
Pour ressurgir dans une aurore de pardon et d’amour.
Révérence
Que les jours qui t’ont donné le dos,
Insensibles à tes appels étouffés,
Te sourient dans l’éclat de la semence
De tes rêves éperdus.
Que les jours qui n’ont pas entendu
L’écho de tes douleurs nocturnes,
T’accueillent dans le velouté du charme
De l’aube en résurgence.
Que les jours qui t’ont humilié,
En extirpant la vitalité des couleurs
Qui jalonnent ton chemin,
Se remémorent la générosité de ta fibre frémissante,
Arrêtent leur vertigineuse course,
Et dans une révérence de félicité,
Te restituent l’élan du sang ancestral qui irrigue
Tes jouissances.
Félicité
Quand les ombres se font aspirer
Par la clarté de la Vérité,
Quand la haine et la méchanceté se font pardonner
Par la générosité de l’Amour,
Les cœurs triomphants retrouveront
Le chemin de la félicité
Dans une onde de douceur et de beauté,
Qui ne connaît des aurores naissantes
Que Vérité.
Sérénité
Vêtue de sa gandoura brodée or et argent
Le front fier et lisse,
Les yeux vifs et chaleureux,
Le cou, les bras et les doigts délicatement ornés de bijoux,
Elle se tenait là, majestueuse,
La promesse de sa jeunesse avait banni l’indifférence des jours,
Comme
La beauté des ses gestes avait su cristalliser le parfum de ses empreintes,
Et maintenant,
Même les caprices de tes souvenirs
Ne savent pas lui arracher un soupir de regret
Devant
Un dos affaibli par les années et une main quelque pue tremblante
Mais hélas hésitante.
C’est une main qui sait égrener sereinement le chapelet de
L’éternité des temps.
J’aime ceux qui…
J’aime ceux qui trébuchet dans leurs illusions et
Qui poursuivent leur chemin bannissant de leur bouche
L’amertume des jours désolés.
J’aime ceux qui disent leur colère et pardonnent,
J’aime ceux qui pleurent sans jamais perdre le souvenir du
Sourire.
J’aime ceux qui reconnaissent la générosité des mains
Qui se tendent dans la rude obscurité hivernale.
J’aime ceux qui disent leurs rêves et leurs craintes
J’aime ceux qui, se sentant un jour étouffés par l’étroitesse
Des limites de leurs jours,
Sèchent leurs larmes en élevant leur regard
Vers la promesse des horizons éternels.
Frissons
J’entends la main décharnée du désespoir
Engourdie par les lourdes années sans appel ;
Je vois la révélation de la vérité dans le regard
Innocent de l’enfance ;
Je saisis la larme chaude de la peine
Fragilisée par les années d’une jeunesse
Qui n’a cessé de redresser la tête de ses jours
Lourds de promesses sans lendemains.
Je vois des poitrines gonflées
Par l’ambition du vide glacial du mensonge ;
Je vois des mains porteuses de maternités
Distribuer de vagues raisons de vivre ;
Je vois des regards se détourner des visages
Assombris par l’attente
Rebelle à l’illusion d’un instant d’ivresse.
Revanche des temps
Que de temps perdu à écouter
La mélodie fanée des ersatz de gloires
Arrachés à des mains hermétiques
Qui ne sauront plus dire l’instant
De la parole étouffée
Un souffle nouveau jaillit
D’un tourbillon de rêves décidés
Que la revanche des jours
A su s’extirper, même de l’amertume solitaire
Du tournesol qui a cessé d’adorer le soleil.
De l’onde fraîche des temps ressuscités,
S’écoule une lumière enchantée
Par la beauté de la saveur cachée
De la parole retrouvée.